Vitalyi Dudin
[juriste et membre de la direction de Sotsialnij Rukh (Mouvement social). Kyiv, 9 juin 2025]
FRANÇAIS - ITALIANO - ENGLISH
Deux problèmes principaux
Malgré quelques espoirs, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine se poursuit et se fait plus intense. Chaque jour, je vois des images épouvantables de destructions massives dans ma ville natale, Kyiv, à Kharkiv et dans d’autres magnifiques cités, qui étaient difficiles à imaginer. Ces scènes, dignes d’un film de catastrophe, font partie de notre vie quotidienne. Les endroits où nous nous promenions se transforment en cendres noires et en ruines.
Pendant ce temps, les envahisseurs russes lancent de nouveaux assauts non seulement à l’est et au sud, mais aussi au nord, dans la région de Soumy. Ici, en Ukraine, le conflit a vraiment les caractéristiques d’une guerre populaire en raison de l’ampleur de la participation de la population à l’effort de guerre: plus d’un million de personnes servent dans l’armée, un peu plus sont engagées dans les secteurs des infrastructures critiques et beaucoup d’autres sont impliquées dans des activités volontaires.
Les négociations d’Istanbul cachent les plans expansionnistes de Moscou et ne pourront guère réussir (voir ci-dessous).
Mon existence même en tant que civil et en tant que militant des droits du travail a changé radicalement. Je reçois des messages de travailleurs des chemins de fer qui ont besoin d’argent pour les drones et d’autres équipements; les proches des salariés décédés à la suite d’attaques de missiles sur leur lieu de travail me font part de leurs problèmes pour obtenir des aides sociales ; les infirmières près de la ligne de front se plaignent de ne pas recevoir les primes promises. Parfois, nous réussissons à surmonter de tels défis, mais nous voulons tous que la guerre se termine le plus rapidement possible.
Bien sûr, la résistance héroïque des défenseurs ukrainiens et les opérations spéciales étonnantes sur le territoire russe ont beaucoup contribué à affaiblir la machine de guerre du Kremlin. Mais après avoir perdu le soutien militaire américain, les chances d’une victoire stratégique de l’Ukraine se sont réduites.
Les négociations d’Istanbul ont clairement montré que la position ukrainienne est désormais beaucoup plus souple pour tenter de chercher une solution pacifique (cessez-le-feu de 30 jours, par exemple). Au contraire, les exigences russes se font plus offensives et agressives. Grâce à Donald Trump, la Russie a repris l’initiative sur le champ de bataille et cela reflète une réalité objective. L’impossibilité de mettre fin à la guerre vient de la faiblesse de la position de l’Ukraine dans les négociations et elle ne peut être surmontée par une mobilisation plus importante des hommes sur le front.
Alors quels sont les facteurs qui rendent l’Ukraine plus faible ?
Problème n° 1 – Le pseudo-pacifisme qui sévit parmi les forces progressistes occidentales
Ce premier problème est extrêmement douloureux pour moi. Beaucoup de gens, dans le mouvement socialiste, ne veulent traditionnellement pas aborder des questions telles que la violence, l’État et la souveraineté. Cela les conduit à une mauvaise compréhension de la situation ukrainienne. Certains ne reconnaissent pas la nature décoloniale et anti-impérialiste de la lutte ukrainienne. Leur analyse se base sur une vision dépassée du système international où les États-Unis étaient considérés comme le seul impérialisme et où la Russie était représentée comme leur victime. Et même si Donald Trump dit «comprendre» chaleureusement le sentiment impérialiste de Poutine, cela n’a pas changé les conclusions que tirent ces personnes qui se prétendent des intellectuels de gauche. Les régimes les plus réactionnaires de l’histoire de l’Amérique et de la Russie exercent une pression énorme sur l’Ukraine aujourd’hui, tandis que certains cherchent des arguments pour justifier qu’une nation attaquée ne mériterait pas de soutien international. Je suis curieux de savoir comment les protagonistes de la théorie de la « guerre par procuration » s’arrangeront avec le fait que l’Ukraine continue de se battre sans l’aide directe des États-Unis et même malgré des actions hostiles de la part ce pays.
Beaucoup de militants de gauche s’opposent au soutien militaire à cause de leur éthique antimilitariste. Et apportent une excuse philosophique sophistiquée afin de ne pas envoyer d’armes à un pays envahi, provoquant plus de souffrances parmi les innocents. La contradiction d’une telle posture devient particulièrement absurde lorsqu’elle est avancée par ceux qui prétendent être des révolutionnaires ou des radicaux... Pour moi, il est évident que de tels rêveurs veulent avoir une vie tranquille à l’intérieur d’un système capitaliste sans tenter réellement de le renverser. Être contre les armes revient à se réconcilier avec le fléau de l’esclavage.
Vivre sous la protection de l’OTAN et avoir peur d’une «militarisation excessive» de l’Ukraine ressemble à de l’hypocrisie.
À l’inverse : si les travailleurs ukrainiens remportent la guerre, ils se verront encouragés pour poursuivre une lutte émancipatrice pour la justice sociale. Leur énergie renforcera le mouvement ouvrier international. Expérience de la résistance armée et de l’action collective: voilà une condition préalable clé pour l’émergence des véritables mouvements sociaux qui défieront le système.
Problème n° 2 – L’incapacité de l’État ukrainien à placer les intérêts publics au-dessus des intérêts du marché
Les élites dirigeantes en Ukraine encouragent le libre marché et le système basé sur le profit comme seul moyen possible d’organisation de l’économie. Toute idée de planification de l’État ou de nationalisation des entreprises doit, pour eux, être rejetée car faisant partie du patrimoine soviétique. Le problème est que la version ukrainienne du capitalisme est totalement périphérique et incompatible avec la mobilisation de ressources nécessaires à l’effort de guerre.
Le dogmatisme idéologique dominant place l’Ukraine dans le piège d’une économie primitive et qui dépend largement de l’aide étrangère.
Nous vivons dans un pays d’hommes d’État riches et d’un État pauvre. Le gouvernement essaie de limiter sa responsabilité dans la gestion du processus économique et d’éviter d’imposer un impôt progressif élevé sur les riches et les entreprises. Cela conduit à une situation où le fardeau de la guerre est supporté par des gens ordinaires qui paient des impôts sur leurs petits salaires, qui servent dans l’armée, qui perdent leurs maisons...
Il est impossible d’imaginer qu’il y ait du chômage pendant la guerre à grande échelle. Mais en Ukraine, cela existe avec un niveau extrêmement élevé d’inactivité économique de la population ainsi qu’une pénurie incroyable de maind’œuvre. Ces carences peuvent s’expliquer par la réticence de l’État à créer des postes de travail et à l’absence de stratégie visant à impliquer massivement les gens dans l’économie dans des centres d’emploi. Nos politiciens pensent que les dysfonctionnements historiques du marché du travail peuvent être résolus sans une ingérence active de l’État! Malheureusement,
les réformes dans le sens de la déréglementation en temps de guerre ont créé une multitude de contre-incitations qui démotivent les Ukrainiens à l’heure de chercher un emploi salarié. Voilà pourquoi la qualité de l’emploi devrait être améliorée en augmentant les salaires, avec de véritables inspections du travail et de vrais espaces de démocratie sur le lieu de travail.
Seule une politique socialiste démocratique pourra ouvrir la voie à un avenir durable pour l’Ukraine, où toutes les forces productives travailleraient pour la défense nationale et une protection sociale juste.
Et maintenant, nous pouvons aller droit au but
Sans un soutien militaire et humanitaire à la hauteur, l’Ukraine ne pourra pas protéger sa démocratie et sa défaite affectera les libertés politiques partout dans le monde. Par ailleurs, nous devons rester critiques envers les responsables gouvernementaux ukrainiens et leur refus d’en finir avec le consensus néolibéral qui sape l’effort de guerre. Il sera particulièrement difficile de gagner une guerre contre un envahisseur étranger si nous avons beaucoup de problèmes internes, à cause d’une économie capitaliste dysfonctionnelle.
(Soutien à l’Ukraine résistante, publiée par les Brigades éditoriales de Solidarité et Utopie Rouge, n° 39-40, 1er Juillet 2025)
ITALIANO
Ucraina. Cosa impedisce la fine della guerra?
di Vitalyi Dudin
[avvocato e membro della dirigenza di Sotsialnij Ruch (Movimento Sociale). Kiev, 9 giugno 2025]
Due problemi principali
Nonostante alcune speranze, la guerra di aggressione russa contro l'Ucraina continua e si intensifica. Ogni giorno vedo immagini orribili di massiccia distruzione nella mia città natale, Kiev, a Kharkiv e in altre magnifiche città, difficili da immaginare. Queste scene, degne di un film catastrofico, fanno parte della nostra vita quotidiana. I luoghi che un tempo percorrevamo si stanno trasformando in cenere nera e rovine.
Nel frattempo, gli invasori russi stanno lanciando nuovi attacchi non solo a est e a sud, ma anche a nord, nella regione di Sumy. Qui in Ucraina, il conflitto ha davvero le caratteristiche di una guerra popolare a causa dell'entità della partecipazione della popolazione allo sforzo bellico: oltre un milione di persone prestano servizio nell'esercito, un numero leggermente superiore è impegnato in settori infrastrutturali critici e molti di più sono impegnati in attività di volontariato. I negoziati di Istanbul nascondono i piani espansionistici di Mosca e difficilmente avranno successo (vedi sotto).
La mia stessa esistenza come civile e come attivista per i diritti dei lavoratori è cambiata radicalmente. Ricevo messaggi da ferrovieri che hanno bisogno di soldi per droni e altre attrezzature; parenti di dipendenti morti a causa di attacchi missilistici sui loro luoghi di lavoro mi raccontano dei loro problemi nell'ottenere i sussidi sociali; infermieri vicino alle linee del fronte si lamentano di non aver ricevuto i bonus promessi. A volte riusciamo a superare queste sfide, ma tutti vogliamo che la guerra finisca il più rapidamente possibile. Certo, l'eroica resistenza dei difensori ucraini e le sorprendenti operazioni speciali in territorio russo hanno contribuito notevolmente a indebolire la macchina da guerra del Cremlino. Ma dopo aver perso il supporto militare americano, le possibilità dell'Ucraina di una vittoria strategica sono diminuite.
I negoziati di Istanbul hanno chiaramente mostrato che la posizione dell'Ucraina è ora molto più flessibile nei suoi tentativi di cercare una soluzione pacifica (un cessate il fuoco di 30 giorni, ad esempio). Al contrario, le richieste russe stanno diventando più offensive e aggressive. Grazie a Donald Trump, la Russia ha ripreso l'iniziativa sul campo di battaglia, e questo riflette una realtà oggettiva. L'impossibilità di porre fine alla guerra deriva dalla debole posizione negoziale dell'Ucraina e non può essere superata da una maggiore mobilitazione delle truppe in prima linea.
Quali sono quindi i fattori che rendono l'Ucraina più debole?
Problema n. 1 – Lo pseudo-pacifismo diffuso tra le forze progressiste occidentali
Questo primo problema è estremamente doloroso per me. Molti membri del movimento socialista tradizionalmente evitano temi come la violenza, lo Stato e la sovranità. Questo li porta a fraintendere la situazione ucraina. Alcuni non riescono a riconoscere la natura decoloniale e antimperialista della lotta ucraina. La loro analisi si basa su una visione obsoleta del sistema internazionale, in cui gli Stati Uniti erano considerati gli unici imperialisti e la Russia veniva dipinta come la sua vittima. E anche se Donald Trump afferma di "comprendere" calorosamente i sentimenti imperialisti di Putin, ciò non ha cambiato le conclusioni tratte da questi sedicenti intellettuali di sinistra. I regimi più reazionari nella storia di America e Russia stanno esercitando oggi un'enorme pressione sull'Ucraina, mentre alcuni cercano argomentazioni per giustificare il fatto che una nazione sotto attacco non meriti il sostegno internazionale. Sono curioso di sapere come i sostenitori della teoria della "guerra per procura" affronteranno il fatto che l'Ucraina continua a combattere senza l'assistenza diretta degli Stati Uniti e nonostante le azioni ostili di quel paese.
Molti attivisti di sinistra si oppongono al sostegno militare a causa della loro etica antimilitarista. Offrono una sofisticata scusa filosofica per non inviare armi a un paese invaso, causando ulteriore sofferenza tra persone innocenti. La contraddizione di una tale posizione diventa particolarmente assurda quando viene avanzata da coloro che si dichiarano rivoluzionari o radicali. Per me, è ovvio che questi sognatori vogliano vivere una vita tranquilla all'interno di un sistema capitalista senza tentare effettivamente di rovesciarlo. Essere contrari alle armi equivale a riconciliarsi con il flagello della schiavitù.
Vivere sotto la protezione della NATO e temere una "militarizzazione eccessiva" dell'Ucraina sa di ipocrisia.
Al contrario, se i lavoratori ucraini vincessero la guerra, sarebbero incoraggiati a continuare la lotta emancipatrice per la giustizia sociale. La loro energia rafforzerebbe il movimento sindacale internazionale. Esperienza nella resistenza armata e nell'azione collettiva: questo è un prerequisito fondamentale per l'emergere di autentici movimenti sociali che sfideranno il sistema.
Problema n. 2 – L'incapacità dello Stato ucraino di anteporre gli interessi pubblici a quelli di mercato
Le élite al potere in Ucraina promuovono il libero mercato e il sistema basato sul profitto come unica via possibile per organizzare l'economia. Qualsiasi idea di pianificazione statale o di nazionalizzazione delle imprese deve, per loro, essere rifiutata in quanto parte dell'eredità sovietica. Il problema è che la versione ucraina del capitalismo è completamente periferica e incompatibile con la mobilitazione delle risorse necessarie allo sforzo bellico.
Il dogmatismo ideologico prevalente getta l'Ucraina nella trappola di un'economia primitiva, largamente dipendente dagli aiuti esteri.
Viviamo in un paese di ricchi statisti e in uno stato povero. Il governo cerca di limitare la propria responsabilità nella gestione del processo economico ed evita di imporre elevate tasse progressive ai ricchi e alle imprese. Questo porta a una situazione in cui il peso della guerra è sopportato dalla gente comune che paga le tasse sui propri piccoli stipendi, presta servizio nell'esercito, perde la casa...
È impossibile immaginare una disoccupazione su larga scala durante una guerra. Ma in Ucraina esiste, con un livello estremamente elevato di inattività economica tra la popolazione e un'incredibile carenza di manodopera. Queste carenze possono essere spiegate dalla riluttanza dello Stato a creare posti di lavoro e dalla mancanza di una strategia per coinvolgere massicciamente le persone nell'economia attraverso i centri per l'impiego. I nostri politici credono che le disfunzioni storiche del mercato del lavoro possano essere risolte senza un'ingerenza attiva dello Stato! Purtroppo, le riforme di deregolamentazione in tempo di guerra hanno creato una moltitudine di disincentivi che scoraggiano gli ucraini dal cercare un impiego retribuito. Per questo motivo, la qualità dell'occupazione dovrebbe essere migliorata aumentando i salari, con autentiche ispezioni del lavoro e autentici spazi di democrazia sul posto di lavoro.
Solo politiche socialiste democratiche possono aprire la strada a un futuro sostenibile per l'Ucraina, dove tutte le forze produttive lavorano per la difesa nazionale e un'equa protezione sociale.
E ora possiamo arrivare dritti al punto.
Senza un adeguato supporto militare e umanitario, l'Ucraina non sarà in grado di proteggere la sua democrazia e la sua sconfitta avrà ripercussioni sulle libertà politiche in tutto il mondo. Inoltre, dobbiamo rimanere critici nei confronti dei funzionari del governo ucraino e del loro rifiuto di porre fine al consenso neoliberista che mina lo sforzo bellico. Sarà particolarmente difficile vincere una guerra contro un invasore straniero se abbiamo molti problemi interni dovuti a un'economia capitalista disfunzionale.
(Sostegno all'Ucraina resistente, pubblicato dalle Brigate Editoriali di Solidarietà e Utopia Rossa, nn. 39-40, 1° luglio 2025)
ENGLISH
Ukraine. What's preventing the end of the war?
by Vitalyi Dudi
[lawyer and member of the leadership of Sotsialnij Rukh (Social Movement). Kyiv, June 9, 2025]
Two Main Problems
Despite some hopes, the Russian war of aggression against Ukraine continues and intensifies. Every day, I see horrific images of massive destruction in my hometown, Kyiv, in Kharkiv, and in other magnificent cities, which were hard to imagine. These scenes, worthy of a disaster movie, are part of our daily lives. The places we used to walk are turning into black ash and ruins.
Meanwhile, the Russian invaders are launching new assaults not only in the east and south, but also in the north, in the Sumy region. Here in Ukraine, the conflict truly has the characteristics of a people's war due to the scale of the population's participation in the war effort: over a million people serve in the army, slightly more are engaged in critical infrastructure sectors, and many more are involved in volunteer activities.
The Istanbul negotiations conceal Moscow's expansionist plans and are unlikely to succeed (see below).
My very existence as a civilian and as a labor rights activist has changed radically. I receive messages from railway workers who need money for drones and other equipment; relatives of employees who died as a result of missile attacks on their workplaces tell me about their problems obtaining social benefits; nurses near the front lines complain about not receiving promised bonuses. Sometimes we manage to overcome such challenges, but we all want the war to end as quickly as possible. Of course, the heroic resistance of the Ukrainian defenders and the astonishing special operations on Russian territory have done much to weaken the Kremlin's war machine. But after losing American military support, Ukraine's chances of a strategic victory have diminished.
The Istanbul negotiations clearly showed that Ukraine's position is now much more flexible in its attempts to seek a peaceful solution (a 30-day ceasefire, for example). On the contrary, Russian demands are becoming more offensive and aggressive. Thanks to Donald Trump, Russia has regained the initiative on the battlefield, and this reflects an objective reality. The impossibility of ending the war stems from Ukraine's weak negotiating position, and it cannot be overcome by a greater mobilization of troops on the front lines.
So what are the factors that make Ukraine weaker?
Problem #1 – The pseudo-pacifism rife among Western progressive forces
This first problem is extremely painful for me. Many people in the socialist movement traditionally shy away from issues such as violence, the state, and sovereignty. This leads them to misunderstand the Ukrainian situation. Some fail to recognize the decolonial and anti-imperialist nature of the Ukrainian struggle. Their analysis is based on an outdated view of the international system, in which the United States was considered the sole imperialist and Russia was portrayed as its victim. And even though Donald Trump claims to warmly “understand” Putin’s imperialist sentiments, this has not changed the conclusions drawn by these self-proclaimed left-wing intellectuals. The most reactionary regimes in the history of America and Russia are exerting enormous pressure on Ukraine today, while some seek arguments to justify why a nation under attack does not deserve international support. I am curious to know how the proponents of the "proxy war" theory will cope with the fact that Ukraine continues to fight without direct US assistance and even despite hostile actions by that country.
Many left-wing activists oppose military support because of their anti-militarist ethic. They offer a sophisticated philosophical excuse for not sending weapons to an invaded country, causing more suffering among innocent people. The contradiction of such a stance becomes particularly absurd when advanced by those who claim to be revolutionaries or radicals. To me, it's obvious that such dreamers want to live a quiet life within a capitalist system without actually attempting to overthrow it. Being against weapons amounts to reconciling oneself with the scourge of slavery.
Living under NATO protection and fearing "excessive militarization" of Ukraine smacks of hypocrisy.
Conversely, if Ukrainian workers win the war, they will be emboldened to continue an emancipatory struggle for social justice. Their energy will strengthen the international labor movement. Experience in armed resistance and collective action: this is a key prerequisite for the emergence of genuine social movements that will challenge the system.
Problem #2 – The Ukrainian State's Inability to Place Public Interests Above Market Interests
The ruling elites in Ukraine promote the free market and the profit-based system as the only possible way to organize the economy. Any idea of state planning or nationalization of enterprises must, for them, be rejected as part of the Soviet heritage. The problem is that the Ukrainian version of capitalism is completely peripheral and incompatible with the mobilization of resources necessary for the war effort.
The prevailing ideological dogmatism places Ukraine in the trap of a primitive economy largely dependent on foreign aid.
We live in a country of wealthy statesmen and a poor state. The government tries to limit its responsibility in managing the economic process and avoid imposing high progressive taxes on the wealthy and corporations. This leads to a situation where the burden of war is borne by ordinary people who pay taxes on their small salaries, serve in the army, lose their homes...
It is impossible to imagine large-scale unemployment during a war. But in Ukraine, it exists, with an extremely high level of economic inactivity among the population and an incredible labor shortage. These deficiencies can be explained by the state's reluctance to create jobs and the lack of a strategy to massively involve people in the economy through employment centers. Our politicians believe that the historical dysfunctions of the labor market can be resolved without active state interference! Unfortunately,
wartime deregulatory reforms have created a multitude of disincentives that demotivate Ukrainians from seeking paid employment. This is why the quality of employment should be improved by increasing wages, with genuine labor inspections, and genuine spaces for democracy in the workplace.
Only democratic socialist policies can pave the way for a sustainable future for Ukraine, where all productive forces work for national defense and fair social protection.
And now we can get straight to the point.
Without adequate military and humanitarian support, Ukraine will not be able to protect its democracy, and its defeat will affect political freedoms around the world. Furthermore, we must remain critical of Ukrainian government officials and their refusal to end the neoliberal consensus that undermines the war effort. It will be especially difficult to win a war against a foreign invader if we have many internal problems due to a dysfunctional capitalist economy.
(Support for Resistant Ukraine, published by the Editorial Brigades of Solidarity and Red Utopia, Nos. 39-40, July 1, 2025)