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giovedì 9 febbraio 2023

AVEUGLES ET SOURD·ES…

de Didier Epsztajn, Mariana Sanchez, Patrick Silberstein

(membres des Brigades éditoriales de solidarité)

 

des amnésiques, des bonimenteur·euses et des complices jouent sa partition


Peut-être ne savons-nous pas qu’il existe des Ukrainien·nes qui luttent contre l’invasion de leur pays et contre les politiques néolibérales de leur gouvernement.

Peut-être ne savons-nous pas qu’il existe des organisations syndicales, étudiantes, féministes et politiques en Ukraine qui partagent nos combats et nos idées.

Peut-être ne savons-nous pas qu’il existe des forces antiguerre et progressistes et des peuples opprimés dans la Fédération de Russie.

Peut-être ne savons-nous pas qu’il existe des forces antiguerre et progressistes au Bélarus.

Peut-être n’avons-nous pas entendu Vladimir Poutine parler de la destruction de l’Ukraine et de la non-existence des Ukrainien·nes en tant que peuple.

Peut-être n’avons-nous pas saisi que les armées de la Fédération de Russie ont violé les frontières d’un pays indépendant (crime d’agression), bombardé des populations civiles (crime de guerre), déporté des adultes et des enfants (crime de guerre), utilisé le viol comme arme de guerre (crime contre l’humanité), etc.

Peut-être ne savons-nous pas que si les armées poutiniennes se retirent sans conditions, de toute l’Ukraine, il n’y aura plus de guerre et que la paix redeviendra un horizon du possible.

Peut-être ne savons-nous pas que si les Ukrainien·nes renoncent à résister, l’Ukraine sera détruite comme peuple et comme nation indépendante.

Peut-être ne savons-nous pas que si les Ukrainien·nes ne sont plus suffisamment armé·es, l’Ukraine sera détruite comme nation indépendante.

Peut-être ne savons-nous rien ou si peu de choses.

Mais est-ce une raison de croire les bonimenteur·euses?

 

Amnésiques…

Peut-être avons-nous oublié la distinction entre les guerres légitimes – telles les guerres de libération nationale –, et les guerres impérialistes, de conquête ou coloniales – les guerres d’oppression.

Peut-être avons-nous oublié qu’il y a une différence fondamentale entre une dictature fascisante et une république démocratique, aussi imparfaite soit-elle.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Tchèques et que nous nous sommes battu·es contre l’annexion de notre pays et que certain·es disaient non à la guerre et que les armées nazies nous ont envahi·es.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Irlandais·e et que nous nous sommes battu·es contre l’occupation anglaise et que certain·es nous disaient non à la guerre et à la partition de notre pays qui dure depuis plus d’un siècle.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Résistant·es dans l’Europe occupée et que certain·es nous ont traité·es de terroristes et que d’autres nous expliquaient que les deux camps se valaient.

Peut-êtreavons-nous oublié que nous étions Est-allemand·es, Polonais·es, Hongrois·es, Tchécoslovaques, Afghan·es et que nous nous sommes battu·es contre l’occupation et l’invasion soviétique et que certain·es nous disaient qu’il fallait défendre la «patrie des travailleurs» contre l’impérialisme.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Amérindien·nes, que nous étions Herero ou Namas, que nous étions Arménien·nes et que certain·es n’ont rien fait contre les génocides ou les ont applaudis.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions africain·es et que certains n’ont rien fait contre la traite négrière et l’ont même applaudie.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions quelque part dans le monde et que beaucoup n’ont rien fait contre les colonisations et que beaucoup les ont soutenues.

Peut-êtreavons-nous oublié que nous étions Espagnol·es, Catalan·es, Basques… et que certains ont refusé de nous livrer des armes pour combattre les armées de Franco.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Algérien·nes et que nous nous sommes battu·es pour libérer notre pays de la colonisation française et que certain·es se contentaient de dire «Non à la guerre» et «Paix en Algérie».

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Vietnamien·nes et que nous nous sommes battu·es, d’abord contre l’armée française puis contre celle des États-Unis et que certain·es se contentaient de dire «Non à la guerre» et «Paix au Vietnam».

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Syrien·nes et que nous battions contre la dictature de Bachar el-Assad, soutenue par la Fédération de Russie, et que certain·es disaient «Non à la guerre».

Peut-être avons-nous oublié que des compagnons de Karl Marx se sont engagés dans l’armée de l’Union pour faire abolir l’esclavage.

Peut-être avons-nous oublié que des anarchistes espagnol·es sont entré·es dans Paris sur les chars américains de la 2DB.

Peut-être avons-nous oublié que nous étions Russes, Biélorusses, Tchétchènes, Géorgien·nes, que savons-nous encore, et que nous battons contre la dictature grand-russienne et que certain·es pensent qu’il ne faut pas humilier la Russie.

Peut-être avons-nous oublié que l’impérialisme étatsunien avait fourni des armes aux Chinois·es pour lutter contre le colonialisme japonais.

Peut-être avons-nous oublié que l’impérialisme étatsunien avait fourni des armes au gouvernement soviétique pour lutter contre les armées nazies.

Nous sommes Tchèques, nous sommes Irlandais·es, nous sommes Polonais·es, nous sommes Hongrois·es, nous sommes Vietnamien·es, nous sommes Algérien·nes, nous sommes Palestinien·nes, nous sommes Syrien·nes, nous sommes Sahraoui·es, nous sommes Haïtien·nes, nous sommes Birman·es, nous sommes Ouighour·es, nous sommes Kurdes, nous sommes Ppéruvien·nes, nous sommes Nicaraguayen·nes, nous sommes Iranien·nes, nous sommes Ukrainien·nes.

Nos vies et nos libertés justifiaient et justifient que nous résistions à l’impérialisme et à la dictature.

 

Les bonimenteur·euses…

Nous ne voulons pas être passé·es sous silence et notre sécurité ne peut être considérée comme quantité négligeable au nom de la paix entre grandes puissances, au nom du maintien de l’ordre mondial.

Celles et ceux qui soutiennent les dictatures, celles et ceux qui soutiennent les agresseurs impérialistes, nous dénient le droit de résister (militairement ou non) pour défendre nos libertés, nos droits nationaux, nos droits en tant que peuples, nos acquis sociaux.

Celles et ceux qui veulent nous désarmer au nom de la  paix», choisissent la destruction de l’Ukraine et de son peuple.

Hier Chamberlain (et l’impérialisme anglais) et Staline (et sa dictature au nom du soviétisme) ont soutenu la paix avec Hitler: résultat le démantèlement de la Pologne, la multiplication des camps de concentration, l’industrie étatique de la mort et les camps d’extermination, une guerre mondiale, des millions de victimes civiles et militaires et un génocide des populations juives et tziganes…

Celles et ceux qui soutiennent l’invasion des armées russes en Ukraine, celles et ceux qui ne veulent pas donner aux populations ukrainien·nes les moyens de résister et de libérer leur pays ne sont pas nos ami·es.

Celles et ceux qui parlent de «paix» en ne soutenant pas le droit légitime à l’autodétermination des peuples ukrainiens et à vivre, celles et ceux qui rompent avec le soutien aux luttes de libération nationale se trompent et contribuent à saper les droits de tous·tes les citoyen·nes, en Ukraine et dans le monde.

Solidarité !

 

Didier Epsztajn, Mariana Sanchez, Patrick Silberstein, membres des Brigades éditoriales de solidarité



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